La douce vie andine et trekking au coeur de la Cordillère Blanche (du 5 juillet au 11 juillet)
Ah, quel plaisir de se réveiller au beau milieu des Andes, au doux son des quenas et des zampoñas (flûte de pan), sous un soleil printanier!
Aujourd'hui, à Caraz, c'est dimanche et jour de marché, et un joyeux brouhaha nous sort de notre sommeil réparateur. Les paysans des villages voisins accourent tous sur la place du marché vendre leurs produits, les femmes indigènes parées de leurs étoffes bigarrées colorent les rues et chaque petit stand diffuse à tout va de la musique andine. Après un copieux p'tit déj accompagné d'un délicieux jus de fruit bien frais, nous filons sillonner ce labyrinthe animé!
Nous qui, habituellement, n'osions pas sortir l'appareil photo devant les gens, pour ne pas les importuner, là nous nous sentons plus en confiance. Les habitants sont bienveillants et accueillants, et ont plaisir à échanger un brin de conversation avec les rares touristes qui s'attardent à Caraz.
Voilà donc quelques portraits qui vous donneront une idée de l'ambiance de ce joli marché...
Et notre chouchoute, notre petite marchande de couleurs, bien qu'elle soit en noir et blanc, avec qui nous avons bavardé un p'tit moment...
Après cette douce et paisible journée, nous préparons le trekking de Santa Cruz dans la Cordillère Blanche, pendant que les grèves de routiers et les barrages sévissent dans tout le Pérou.
Nous partons dés le lendemain pour Cashapampa, point de départ de nos 4 jours de randonnée. Ce trekking est très prisé des touristes qui le parcourent généralement en groupe accompagné d'un guide et de mules pour porter les affaires...Nous, nous partons seuls, le sac au dos.
Le sentier qui pénètre dans la vallée est pierreux et escarpé dés les premiers mètres...De quoi nous mettre en condition et nous dégourdire les pattes. Ça change des heures pliés en 4 dans le bus!
Hélàs, le chemin continue à grimper dans la Quebrada de Santa Cruz pendant encore trois bonnes heures...On sent qu'on n'a plus la forme physique de l'époque de Torres del Paine, au Chili! On fait une halte pour casser la croûte (un gros demi fromage frais du marché) et on repart aussitôt sous le soleil et la chaleur, bien que nous soyons presqu'à 4000m d'altitude! Malgré la difficulté de la randonnée, nous n'oublions pas d'admirer le paysage (c'est un bon prétexte pour faire des pauses!) mais nous avons hâte de découvrir les hauts sommets enneigés!
L'après-midi est encore rude et tout en montée. Une sacrée mise en jambe! En plus, tous les guides que nous rencontrons ne manquent pas de nous faire remarquer que le sac est trop lourd! Forcément, eux, ils ont des mules à leur service!
Nous arrivons le soir au campement de Llamacorral, au bord de la rivière bouillonnante. Et enfin, un des majestueux nevados montre le bout de son nez! On plante la tente, on se prépare une infame soupe Maggy blindée de pâtes et on se couche, bien contents d'avoir, malgré tout, nos p'tits matelas et nos gros duvets pour nous reposer de nos 11kms de montée!
Le jour suivant, après nos 11 heures de dodo (une heure par km, il faut bien ça!), le temps de déjeuner devant le lever du soleil, on rechausse nos gros godillots, on reprend les sacs et c'est reparti!!!
Nous traversons la vallée marécageuse, surplombée de hauts sommets enneigés. Des chevaux sauvages et des mules paissent tranquillement. D'ailleurs, plus d'une fois, l'idée de kidnapper une mule nous a traversé l'esprit!
Des cascades dévalent les parois rocheuses pendant que nous longeons la lagune Jatuncocha pour arriver au croisement qui mène au pied de l'Alpamayo, un des plus beaux sommets du monde, d'après les spécialistes..N'ayant pas la force de grimper ce sentier abrupte avec les sacs, nous plantons la tente et attaquons l'ascension, plus légers! Arrivés en haut, nous découvrons l'ampleur des sommets qui nous entourent. Tous mesurent plus de 6000m...nous nous sentons tous petits face à ces géants enneigés! Nous continuons encore pendant une demie-heure de montée pour atteindre la lagune Arhueycocha.
Devant l'Alpamayo qui parait tout riquiqui sur la photo...
Après avoir passé un moment à comtempler ce paysage spectaculaire (à côté, le Mont Blanc est un bébé montagne, bien que son ascension ne doit pas être non plus ue partie de plaisir! N'est-ce pas Jean-Marc?!), nous regagnons notre camp de base car la nuit arrive. Cette nouvelle nuit n'est pas aussi paisible que la précédente, la pluie et la neige s'invitent et les taureaux aussi! Et malgré nos 23kms de marche, nous n'avons pas dormi 23h!
Le matin, nous déjeunons et plions la tente sous la neige pourrie (il mouillanche, fouillat!) et repartons pour une rude journée.
Un col à 4750m nous attend, le Punta Union! Mais on n'imagine pas encore que cette ascension se fera dans la boue, sous la neige et le vent! Avant d'attaquer cette dure épreuve, on s'enfile une boîte de thon pour nous redonner du courage...Car...
"Avec du thon, l'ascension se fait à fond!" ou "Avec du thon, t'es moins con!" ou encore, "Grâce au thon, tu restes pas au fond!" ou bien " Un Punta Union ne se fait pas sans thon!" ou pour finir "Une ascension?...Jamais sans mon thon!"...
Hum...désolé pour ce p'tit délire, mais à présent, on peut en rigoler, parce que, vraiment, on en a chi...pendant ces trois longues heures. Heureusement, le nevado Taulliraju et sa lagune nous laissent bouche bée bien que la brume dissimule la cime du monstre enneigé.
Arrivés en haut, à 4750m, on est deux p'tits légumes avec des pattes en coton! Mais dés que nous passons de l'autre côté du col, la vue est encore plus spectaculaire. Nous en profitons pour faire une pause avant la descente, tout aussi fatigante.
Trop épuisés pour atteindre le prochain campement, nous posons la tente là où bon nous semble, au bord d'une rivière. N'ayant pas mangé autre chose que notre boîte de thon, nous nous vengeons sur deux grosses plâtrées de pates! Et nous couchons bien vite pour nous remettre de ces 13 éprouvants kms...
Et c'est le même scénario que la veille: pluie, neige, et taureaux qui viennent lécher nos casseroles sous la tente toute la nuit!
Malgré ça, nous avons bien dormi et sommes émerveillés par la vue qui se découvre à nous le matin...
Nous sommes vraiment usés, mais savoir que c'est la dernière ligne droite nous donne des ailes! En plus, le chemin est plus simple, c'est du plat...jusqu'au dernier km avant Huaripampa et ses petites maisons quechua traditionnelles coiffées de toit de chaume et ses cochons d'Ande (j'vois pas pourquoi on dirait des cochons d'Inde si on les trouve au Pérou!!!). A partir de là, jusqu'à Vaqueria, l'arrivée où nous prenons un bus pour rentrer, la route en lacets est interminable...de quoi finir cette dernière journée de 15 bornes sur les rotules!
Heureusement, la grève des transports se termine, nous pouvons rentrer tranquillement à Caraz, en admirant, blottis dans un mini mini bus, assis sur des sacs de riz et les membres engourdis, les majestueux sommets de la Cordillère Blanche.
Nous retrouvons avec plaisir notre hôtel douillet et notre douche chaude! Que du bonheur!
P.S: Jean-marc et René, on a bien pensé á vous, vous vous seriez amusés comme des p'tits fous dans ce parc! Le billet du parc est valable un mois, alors quand vous aurez le temps, vous savez oú aller!
Bisous á tous!
Hélene et Jérome, Pennesylvanie, 15 octobre 2016. Euh, pardon, Huaraz, le 11 juillet 2009!